Douceur et stupeur : Moraine Lake VS Cirque Peak Trail

En partant dans l’Ouest, on pensait bien relever des défis physiques mais le Cirque Peak Trail était bien plus. On n’était pas prêts.

Débuter la journée en douceur

Tout le monde te le dira : pour aller observer les levers de soleil en Alberta, il faudra te lever tôt. On a vérifié la légende et quand on débarque à 5h00 du matin sur le parking du Lac Moraine, il est bien déjà à moitié plein. Et pourtant, on est en pleine pandémie mondiale… Dans le noir, il y a ceux qui se préparent à grimper pour observer le spectacle de haut, la frontale brillante et le thermos chaud, et ceux qui comme nous retournent se coucher à l’arrière de leur van pour réellement émerger à 6h00. Ah pour ça c’est bien pratique le van !

Hoodies, doudounes, bonnets et grosse chaussettes, on choisit le bord de l’eau pour observer le grand dévoilement. Des lampes frontales scintillent sur les montagnes qui nous entourent. Certains grimpent haut pour se mériter la meilleure vue sur l’étendue turquoise, quand beaucoup d’autres s’agglutinent et s’emmêlent les selfie sticks sur le tas de roches en bas. Personne ne nous rejoins sur la plage sans trop qu’on comprenne pourquoi. On a même un instant cru n’avoir pas le droit d’être là, et pourtant si. On n’essaiera pas de comprendre et on profitera de la beauté dans notre coin.

La lumière de l’aube se faufile d’abord discrètement à travers les ombres. Puis le soleil pointe timidement pour ensuite frapper de plein fouet le sommet des glaciers qui nous font face. La magie opère. On se demande encore pourquoi on ne prend pas plus le temps d’aller assister à ce genre de phénomènes aussi extraordinaires que quotidiens.

Penser être préparés et vite se rendre compte que non

Pas très reposés, on part pour une grosse randonnée : Cirque Peak via Helen Lake Trail. Encore une fois ça commence fort mais on a bien compris que les belles vues se méritent ici. Si on avait voulu marcher à plat, on ne serait pas venus dans les Rocheuses. On était supposés faire sept kilomètres jusqu’au Lac Helen et revenir. Encore une fois, on pousse plus loin parce que là, juste derrière, le Cirque Peak nous appelle.

« Maintenant qu’on est là, autant grimper jusqu’en haut ». C’est ça qu’on s’est dit avant de vraiment mesurer la hauteur et le degré d’inclinaison du monstre… Une fois dessus, c’est plus la même.

Le doute et nos limites

On grimpe un mur. Un mur qui n’en fini plus et dont le terrain devient de plus en plus effritable à mesure que l’on monte. Soudain, des gens hurlent. On lève la tête avec effroi : c’est pour avertir ceux qui suivent que des roches roulent dans leur direction. Pas d’accident à déplorer mais tout le monde redouble de vigilance.

L’ascension nous prend vraiment plusieurs pauses. D’abord pour gérer le souffle, puis le vertige qui se fait un peu plus présent. On doute plusieurs fois de nos capacités à se rendre au sommet. D’abord moi, puis Seb. On s’auto-challenge mais ce n’est pas sans peine…

À force de persévérance, on atteint le sommet et ses 3003 mètres d’altitude. Je ne suis habituellement pas sujette au vertige mais le pic est tellement étroit que je me tiens le plus proche du sol possible. De chaque bord, il y a un précipice. Le peu de randonneurs qui nous entourent me donnent des sueurs froides rien qu’à se tenir debout. J’avoue que maintenant que je vois la pente de haut, je suis presque paralysée à l’idée de redescendre…

La rencontre (pas tant) attendue

C’est sans hésiter la randonnée la plus difficile qu’on ait faite. La première partie se fait facilement mais la seconde pour atteindre le pic est aussi technique qu’éprouvante. Et je pense même avoir préféré l’ascension. Le niveau était vraiment intense mais, rendus en bas, on était vraiment fiers de nous ! Et pour bien dissiper la montée d’adrénaline contenue dans nos corps, c’est sur le chemin du retour qu’on croise notre premier grizzly.

En tournant la tête vers une partie de forêt qu’on avait trouvé très cute à l’aller, Seb voit se déplacer à travers les arbres nus une grosse masse marron. À une petite centaine de mètres du sentier, ce qu’on pensait au début être un ours ne nous porte pas attention un instant, et remue les arbustes à la recherche de baies. On ne s’attarde pas (tu te rappelles qu’on n’a toujours pas de bear spray?) et on file !

Scores de la journée : 17 kilomètres de marche + 1 129 mètres de dénivelé + 1 grizzly. On est physiquement rincés mais émotivement euphoriques. Ce soir, on change de camping et on remonte au nord, demain on devrait prendre ça plus relax.

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