Après un premier voyage en 2018 au pays du Quetzal, c’est au Costa Rica qu’on a décidé de revenir se revigorer le cœur après la pandémie. Comme quatre ans auparavant, on a divisé notre voyage en deux : première semaine de randonnées et la seconde à surfer sur la plage de Santa Teresa. Il nous tardait vraiment de pousser le 4×4 sur les routes instables pour retrouver ce petit coin de paradis. Malheureusement, le fait que le Costa Rica était un des seuls pays ouverts au tourisme pendant la pandémie, la démocratisation du télétravail et les intérêts financiers ont drastiquement transformés notre expérience.
Uvita et Quepos
Pour résumer rapidement notre première semaine, elle fût formidable. Retrouver un rythme de vie calqué sur celui du soleil, parler espagnol avec les locaux, capoter dans les jungles : on était bien au Costa Rica. Cette année, on est resté côté Pacifique, mais on a poussé plus loin la découverte. Du côté d’Uvita, on est allé se baigner dans les cascades d’El Pavón et de Nauyaca, et allé admirer le coucher de soleil sur la plage en forme de queue de baleine du Parc National Marin Ballena. On n’a pas été intelligents sur ce coup-là parce qu’on est arrivés trop tard pour en profiter pleinement, mais ça valait grave la peine.
On est ensuite remontés à Quepos pour visiter le Parc Manuel Antonio. En 2018, on avait choisi de ne pas le visiter un peu par défaut parce qu’il n’était pas sur notre route. Cette année, si on est descendu dans le sud, c’était surtout pour lui. Mais bon, on n’a pas été subjugués. Alors oui, on trouve vraiment de très belles plages, mais si le parc limite le nombre d’entrées journalières, c’est parce que la foule s’y presse pour en profiter. C’est dans une foule parée de maillots de bains et serviettes de plage qu’on a baigné dès l’entrée. On se connait bien maintenant, pas vraiment besoin de préciser qu’on a vite fui vers les sentiers de randonnées qui eux étaient bien moins fréquentés.
La faune du Costa Rica
La faune est bien présente, mais évidemment la présence d’autant d’humains au mètre carré a un impact direct sur elle. Les capucins se jettent de branches en branches dans la forêt comme au bord de la plage. Ils sont assurément habitués à côtoyer les hommes. Pas farouches, ils peuvent s’approcher très prêt pour piquer des items qu’ils pensent être de la nourriture. On a donc eu droit au triste spectacle d’un groupe de singes se battre un tube de crème solaire, le contenant explosant d’arbre en arbre, les capucins l’ingurgitant. On ne le répètera jamais assez : la faune est belle quand on la laisse exister par elle-même, sans essayer d’entrer en contact avec elle.
Finalement, c’est bien dans ce parc qu’on a aperçu nos premiers paresseux. Alors c’est complètement invisible à l’œil nu. Les quatre fois où on a pu les observer, c’est qu’on avait en réalité croisé un guide avec jumelles qui pointait dans une direction précise. Et même une fois l’orientation comprise, ça prenait vraiment beaucoup de travail à notre cerveau pour distinguer ce qui était pelage de végétation. Ces mammifères à fourrure se camouflent impeccablement dans les tonalités de la jungle, passe le plus clair de son temps à dormir et se déplacent à une vitesse de 1 pied à la minute. Il faut être persévérant pour vouloir les observer.
Logé dans la ville d’Uvita, on a quand même eu la grande chance de voir s’envoler une nuée d’aras, ces perroquets au plumage ultra-coloré. On n’en a pas vu ailleurs que dans le jardin de ce Airbnb, à 5h15 du matin, dans le calme d’un soleil fraichement levé. C’est pour dire que la faune ne se cache pas que dans les parcs. Il suffit souvent d’être attentifs et silencieux.
La région de Monteverde
On était déjà passés par ici lors de notre premier voyage au Costa Rica mais on avait seulement visité la réserve de Santa Elena à ce moment-là. On avait adoré se perdre dans ces Cloud Forests à l’époque alors on s’est rendus très tôt sur place pour en profiter. Bien qu’elle soit plus connue que sa petite sœur Santa Elena, on a fait le tour des chemins de la réserve en 3h30 sans observer d’animaux autres que des colibris. Le vent est très fort à cette altitude et particulièrement dans cette région. La jungle danse sans s’arrêter, c’est impossible d’entendre un animal s’y déplacer.
Vers la péninsule de Nicoya
Après cette semaine dans les jungles et les montagnes, on a pris la route vers Santa Teresa. On se rappelait les palmeraies à traverser, les rivières à franchir et la dernière colline à gravir pour enfin retrouver les plages de Mal País. Après quatre ans d’absence, on mourrait de revivre ces moments de plénitude qu’on avait côtoyé que sur la pointe de la péninsule costaricaine.
Très vite désenchantés
À peine quelques minutes après être arrivés, on a compris que l’ambiance avait changée. La route initialement poussiéreuse avait laissé place à un goudron flambant neuf facilitant donc l’achalandage de multitudes de quads de location, 4×4, navettes touristiques et évidemment motos locales. Le petit bled qu’on avait connu était devenu plus bruyant que notre quartier du Sud-Ouest de Montréal. Partout des domaines hôteliers avaient poussé de terre. Des trottoirs prenaient naissance devant ceux qui affichaient les tarifs les plus élevés alors que jusque-là tout le monde marchaient tranquillement sur la route en gougoune. Cette pratique qui nous avait tant séduite lors de notre premier voyage était maintenant devenue plutôt dangereuse en raison du nombre très élevé de véhicules et de la vitesse à laquelle ils roulaient maintenant ici.
Je te fais un bref résumé, mais en gros, en discutant avec ceux qui s’étaient installés là vingt ans auparavant, c’est l’arrivée de célébrités et d’investisseurs dans le coin qui a tout changé. Les ticos ont d’ailleurs tous quittés l’endroit pour aller vivre plus loin. Les règles de construction ne sont pas respectées, mais les activités juteuses des investisseurs fonciers, additionnées aux revenus touristiques qu’elles génèrent, permettent à la municipalité de prélever des impôts importants, qu’elle réinjecte là où les locaux sont partis vivre. Les plus anciens hôtels sont revendus dans leur totalité à de riches particuliers. Ils y logent leur personnel de maison et de sécurité. Les auberges de jeunesse elles accumulent les lits pour répondre à la demande de la jeunesse dorée qui se targuent d’avoir trouvé le spot relié à la fibre le plus authentique d’Amérique Central. Notre cœur a saigné quand on les a vu arriver sur la plage avec une planche de surf, poser chacun leur tour pour leurs prochains posts insta et repartir, la planche sous le bras la larme à l’oeil de n’avoir pas touchée l’eau, vers un bar de plage.
Mais conscients d’être chanceux
Ça nous a peut-être pris deux jours mais une fois notre deuil de petit coin de paradis fait, on a juste décidé de profiter du moment because on restait quand même bien chanceux d’être ici. Mais ça sert de leçon quand même. On idéalise ses souvenirs et les lieux dans lesquels on a vécu d’heureux moments. Je le pensais déjà fort mais on ne m’y prendra plus : je ne me créerai plus jamais de souvenirs deux fois au même endroit.
L’itinéraire tout prêt
Mise à part ma relation à ces deux facettes de Santa Teresa, le Costa Rica reste un pays merveilleux que je conseille de visiter. À toi qui t’es rendu jusque-là de mon récit, je t’offre la carte des lieux que l’on a visités et aimés lors de nos deux séjours. Je te laisse la copier et t’en servir de base pour organiser ton voyage. Embrasse les beaux couchers de soleil pour moi !
Et pour voir plus de photos ou me taguer sur Instagram pendant ton voyage @flora.bidaud.