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– Un voyage itinérant au Japon – Trois jours à Kyoto

Jour 9, arrivée à Kyoto.

Après une petite marche dans Tsumago, on part prendre le bus en direction de Nagiso, pour prendre un train vers Nagatsugawa, qui nous mènera à un Shinkansen pour Kyoto. C’est donc après quatre heures de voyage que nous arrivons à destination. Puisque nous restons trois nuits ici, on commence par faire un peu le plan de notre séjour. D’après tous les commentaires trouvés sur internet, on se rend vite compte qu’il va falloir être stratégiques pour éviter les hordes de touristes… Ni une, ni deux, on prend la décision de profiter de la soirée pour aller visiter le sanctuaire shinto Fushimi Inari-taisha édifié au tout début du VIIIème siècle. En ayant vu des vidéos/photos de l’endroit noir de monde, ça ne me tentait pas trop… Mais puisque le site est ouvert 24h/24, l’option d’y aller de soir nous a parue séduisante. La meilleure idée de notre vie !

Le sanctuaire shinto Fushimi Inari-taisha, à Kyoto, par Côté Hublot

Un lieu hautement spirituel

En arrivant à 17h30, c’est presque seuls qu’on progresse sous cet enchaînement impressionnant de 10.000 toriis, ces portails traditionnels shintoïques oranges et noirs. L’ambiance chargée de sacré est absolument magique, on en prend plein les yeux. Ce site de 850.000 m² dédié à Inari, divinité de la bonne croissance du riz, du commerce et de la fertilité, est ponctué de milliers de kistune, ces renards qui sont ses messagers terrestres. Il est présent sous toutes les tailles dans les centaines de petits sanctuaires éparpillés autour des toriis.

Arrivés à mi-parcours, on s’offre même le couché de soleil sur la ville de Kyoto. Après s’être un peu perdus, enfoncés dans la forêt et avoir rebroussés chemin (c’est un labyrinthe à ciel ouvert), c’est à la nuit que nous atteignons le sommet du Mont Inariyama. Ici, à la lueur des bougies, un vieil homme prie à haute voix dans le sanctuaire. On s’assoit pour l’écouter. Ses chants résonnent sur les pierres et c’est avec humilité et chanceux que nous nous sentons assister à ce spectacle. Le moment se vit au présent.

En tout, on aura passé trois heures sur place (sans trop nous arrêter) et gravit un nombre incalculable de marches ! Je suis convaincue que notre présence en soirée a décuplée notre expérience. Elle n’aurait pas été tant incroyable si nous nous étions présentés ici en journée. Ca a été un de mes coups de coeur du voyage. ♥

Une visite du sanctuaire shinto Fushimi Inari-taisha de nuit, à Kyoto, par Côté Hublot

Jour 10, Kyoto.

Ce matin, on retrouve Shiran et Dan qu’on a rencontré il y a deux jours sur la Nakasendo Trail. Ils nous invitent à les joindre pour une journée guidée dans Kyoto par un membre de l’association, the Good Samaritains Club. Il s’agit d’une association d’étudiants japonais offrant gratuitement aux étrangers de les guider en ville pour une journée. Le planning pré-établi sur mesure comporte trois temples : le Shōren-in (moins connu mais vraiment immanquable), le Chion-in et le Kenninji (le plus vieux temple zen du Japon). Noah, 20 ans, étudie l’économie. Il est accompagné d’Issey 19 ans, en formation pour devenir un Bon Samaritain.

La rencontre avec Noah, bénévole de l'Association the Good Samaritains Club, par Côté Hublot

Tout au long de la journée, ils nous donnent un paquet d’explications sur la culture japonaise, l’influence et le mélange du bouddhisme et du shintoïsme, l’histoire de leur pays, les peintures que l’on croise. C’est une expérience d’un enrichissement inestimable. Sans eux, nous aurions traversé temples et sanctuaires en cinq minutes sans s’être ni imprégnés des lieux, ni connaitre leur singularité. Ils nous expliquent par exemple que si on trouve des carpes dans les jardins c’est que ce poisson est un dragon en devenir. Que le dragon, animal sacré, est donc lié à l’eau au Japon et protègent d’ailleurs les temples des incendies. Que l’on reconnait un temple de la secte zen à ses fenêtres en forme de cloche. Et qu’on fait la distinction entre les sanctuaires shintô et temples bouddhistes dès l’entrée sur le lieu de culte, un torii vermillon se dresse pour le premier, une porte couverte abrite des statues des divinités protectrices pour l’autre. Avant de tous se quitter, ils nous emmènent manger des échantillons de yatsuhashi, de délicieuses sucreries faites de pâtes de riz qui sont la spécialité de Kyoto.

À travers les temples de Kyoto, par Côté Hublot

Le shintoïsme et le bouddhisme

Au Japon cohabitent deux religions principales, le shintoïsme et le bouddhisme. Elles partagent certaines valeurs communes mais il est bon de savoir comment faire la différence entre les deux.

https://japon-fr.com/difference-sanctuaire-temple.htm

https://japon-fr.com/difference-sanctuaire-temple.htm

Pousser les petites portes

En chemin pour se reposer à l’auberge, on cherche un café. Après plusieurs portes fermées, on entre un peu par défaut dans une petite maison dont l’enseigne indique « San’s shop souvenirs and mini-cafe ». Un vieux monsieur vient à notre rencontre, il nous a entendus depuis son jardin. Il nous explique que le magasin est une nouvelle activité et qu’il y vend des souvenirs du Japon à petits prix. Il nous invite à le suivre pour le café que nous recherchons. C’est à sa table de cuisine qu’il nous installe en s’excusant du « désordre ». Comme dans la grande majorité des maisons japonaises, les espaces sont très réduits.

Une fois servis, nous commençons à discuter. Il s’appelle Kenji Santo. San, c’est en fait son chien, son très vieux compagnon de route, abîmé par le temps. Il nous explique avoir emménagé à Kyoto huit ans auparavant et avoir lui-même construit cette partie de la maison. Il nous montre des photos de l’évolution des travaux, puis de lui et ses amis, pendant la récolte de l’année passée dans les rizières. Là où ils étaient, elle se fait encore à la main. Mise à part San, il est seul mais la solitude ne semble pas le peser. Il semble s’être habitué et vivre simplement. Ses traits sont parfois durs jusqu’à ce qu’un sourire véritable illumine son visage. Ses mouvements sont lents mais sûrs. Son anglais est rudimentaire mais suffisant pour que nous discutions pendant plus d’une heure autour d’une tasse de café. 

Une expérience inattendue

San profite de cet échange pour s’aventurer dans la rue, mais pas bien vite non plus le pauvre… C’est sans mal qu’on le rattrape. Après s’être remis de ses émotions, Kenji nous questionne sur les pratiques quotidiennes au Canada. Il en vient ensuite à nous raconter qu’il a pratiqué l’arc japonais dans sa jeunesse. Constatant notre manque de culture, c’est tout excité qu’il part chercher la bête. Il revient avec un arc d’au moins deux mètres aux courbes étonnantes. Alors qu’il n’a pas dû y toucher depuis des années, il nous offre une démonstration privée dans son jardin. Le rire qui éclate, après avoir raté sa cible de quelques millimètres seulement, est celui d’un jeune homme. 

Nous lui offrons un cadeau et quelques friandises canadiennes pour nous avoir ouvert sa porte et le remercier pour sa gentillesse. Lui nous remet deux images qu’il a peintes, plus une photo de San, au dos de laquelle il inscrit nos noms en japonais et une note personnelle. On se quitte en lui promettant de repasser dans deux jours, soit avant notre départ de Kyoto. Le Sayonara (« adieu ») qu’il nous envoie en retour nous émeut.

Rencontre de Kenji Santo dans son shop à Kyoto, par Côté Hublot

Toutes ces belles rencontres faites aujourd’hui sont l’essence même du voyage. Elles sont la raison première de mon amour pour lui. Penses toujours à pousser les petites portes. Ce sont derrière elles qu’on trouve les plus belles surprises, celles auxquelles on ne s’attend pas.

Jour 11, Kyoto.

On voulait arriver au temple Kinkaku-ji à l’ouverture. Il est juste 9h00 et ce ne sont pas tant les touristes que les voyages de classes japonaises qui assaillent déjà le site ! Trépieds et selfie sticks (pourtant interdits dans le plupart des lieux touristiques au Japon) sont de sortie. Le moment est un peu gâché par ces gens qui vous somment de vous pousser pour les laisser faire une photo devant le temple que personne ne regarde vraiment qu’à travers un écran. Le jardin n’étant pas d’un grand intérêt noyé sous cette foule, on se sauve.

À la sortie, pendant que Seb part acheter un café, je me fais interpeller par trois écolières. Elles sont originaires d’Ibaraki, en voyage de classe à Kyoto. Accompagnées de leur professeur, elles me demandent si elles peuvent me poser trois questions en anglais sur mes raisons de voyager au Japon. L’échange est sommaire mais pas sans stress pour ces Japonaises qui pratiquent le peu d’anglais qu’elles sont encore en train d’apprendre. Malgré l’intimidation, elles ne cessent de sourire et leur joie est contagieuse. Elles nous demandent ensuite l’autorisation de faire une photo tous ensemble avant de me remettre un petit cadeau de papier, ornés d’origamis, sur lequel sont inscrit leur nom, leur âge et leur sport préféré. Tellement kawaii !!!

Golden Temple et entrevue avec des écolières, par Côté Hublot

Entre visite et divertissement

Puisque Kyoto est une ville musée qui ne compte pas moins de 1.700 temples bouddhiques et 700 sanctuaires shinto, notre journée ne s’arrête pas là. On part donc admirer le temple Ninna-ji, classé au patrimoine de l’UNESCO, et le temple zen Ryoan-ji et son spirituel jardin sec. De vraies merveilles. Mais le coup de coeur de la journée est pour le parc zen du temple d’argent, Ginkaku-ji, rencontré au hasard d’une balade sur la Promenade du Philosophe, située au nord-est de Kyoto.

Il est 19h00. Finis les chuchotements et la discrétion, on part downtown dévaliser les machines à pinces du Game Panic Center. Après s’être entrainé sans relâche à Tokyo, Seb atteint des sommets et sort victorieux de ce duel. Pas peu fiers, cette folie nocturne nous entraine et c’est avec beaucoup d’entrain qu’on passe la soirée à essayer ces inventions du divertissement, toujours plus folles. Ce sont nos derniers moments à Kyoto, demain nous quitterons pour Nara.

Note : je t’encourage toi aussi à rencontrer les guides du Good Samaritan Club pour une expérience inoubliable à Kyoto !  Ne traines pas pour réserver ta journée en complétant le formulaire sur le site internet. La demande est tellement forte qu’il faut miser sur un peu de chance pour en profiter. 🙂

Kyoto de nuit, par Côté Hublot

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