Ca faisait au moins trois ans qu’on en parlait et enfin nous sommes partis en Ontario, direction les Mille-Îles (Thousand Islands) ! Nous décidons de partir la veille de notre croisière sur l’eau pour ne pas avoir à faire trop de route dans la même journée (comptez environ 3 heures aller depuis Montréal) et aussi en profiter pour faire un tour à Kingston qui nous parait être une jolie ville.
Nous passons donc quelques petites heures sur place en ce dimanche 20 mai, veille de jour férié. Très vite, nous nous rendons compte qu’on imaginait la ville un peu plus dynamique et aussi peut-être plus intéressante historiquement parlant. Bien que nous soyons plusieurs touristes à avoir eu la même idée, le centre-ville ne regorge pas d’activité et on se retrouve très vite au cœur de rues résidentielles. C’est très joli, des demeures d’un autre temps se mêlent à l’architecture contemporaine. On suivra le waterfront trail qui nous mènera jusqu’à un joli parc avec le fleuve Saint-Laurent comme décor. De la musique nous parvient. Sous un kiosque, plusieurs couples se sont rassemblés pour danser. Cette scène semble à l’image de la ville : d’une allégresse tranquille. Il fait beau alors nous aussi on profite du moment, allongés sur un banc.
Faire escale
Nous dormons à Gananoque où nous avons réservé une chambre à l’Imperial Inn. L’endroit n’est pas mignon mais il est à quelques minutes du lieu d’embarcation de notre croisière prévue le lendemain. C’est aussi le meilleur deal qu’on a réussi à trouver sur Booking (90$/nuit comparé à 140$/nuit en moyenne autour). Au final, on n’avait besoin que d’un lit et d’un toit. Et figurez vous que pour une nuit, c’était parfait ! Le matelas était super confortable (vraiment plus que dans d’autres hôtels qu’on a payé plus cher) et, bien que posé à même la route principale, on n’a absolument pas été gêné par le bruit. Rapport qualité/prix validé !
Le petit déjeuner inclus s’est cependant révélé à la limite de l’infecte. Croissants industriels défraîchis et tranches de pains dont on aurait préféré que le goût soit absent pouvant s’accompagner de confiture trop sucrée estampillée comme étant à la fraise. Après quelques tentatives de combos (avec ou sans confiture, avec ou sans beurre), on est rapidement parti en direction du quai d’embarquement, voir si un petit café ne serait pas ouvert dans le coin…
Se préparer à embarquer
N’ayant pas anticipé la rapidité de notre phase de nutrition matinale, nous arrivons sur place une heure avant le départ du bateau. Petit conseil : évitez le premier parking à 3$ que vous croiserez en arrivant à destination mais continuez en tournant à droite juste après l’avoir dépassé. Il y a un peu plus loin sur la gauche un parking gratuit (et même une petite plage). Gananoque étant la porte d’entrée des croisières dans l’archipel des Mille-Îles (et donc le point de chutes de centaines de touristes à la saison haute), ça vaut la peine d’arriver tôt et de profiter un peu des lieux au calme.
On a choisi la croisière de 5 heures pour un dédale à travers les îles incluant 2 heures de visite au Château Boldt, visite sur laquelle je reviendrai plus loin dans ce billet. Les Mille-Îles s’étendent sur 80km à la frontière des USA et du Canada sur le fleuve Saint-Laurent, certaines appartiennent à l’Ontario quand leurs voisines répondent à l’Etat de New-York. Pour être plus exact, l’archipel regroupent 1864 îles allant de 0,5m2 à 100m2. Au 19ème siècle, l’archipel était un lieu de villégiature très à la mode pour les plus fortunés de la région. Les grand hôtels et manoirs témoignent encore de cette époque. Les îles portent aussi, plus fièrement les unes que les autres, modestes cabanons, résidences estivales et imposantes propriétés. La diversité de ces constructions combinée à la générosité de la nature environnante rend l’endroit splendide.
Tout au long de notre balade sur l’eau, les hauts-parleurs du bateau nous abreuvent d’anecdotes historiques. Nous apprenons par exemple que l’archipel des Mille-Îles constituaient à l’origine une chaîne de montagnes avalée par le fleuve Saint-Laurent après la fonte des glaces. Les îles sont donc les anciens plateaux les plus élevés qui parviennent à pointer à la surface ! Selon les dires, des pilotes maritimes seraient appelés en renfort lorsque des embarcations imposantes doivent traverser la zone pour éviter les dénivelés rocailleux qui encerclent les îles apparentes ainsi que les vestiges submergés.
L’archipel des Mille-Îles compte également en son sein le plus petit parc national canadien. Il fait moins de 24km2. Il est constitué de 21 îles, de multiples îlots et de trois zones sur le continent. La faune et la flore présentent sur place font preuve d’une grande diversité, on y trouve de nombreuses espèces d’animaux et de plantes qu’on ne trouve normalement pas dans l’est canadien. Certaines îles n’accueillent d’ailleurs que des oiseaux migrateurs qu’on observe facilement.
Heart Island
L’une des attractions principales est la visite du gigantesque Château Boldt. Il s’agit d’un véritable manoir de 120 pièces autour duquel gravitent d’autres constructions imposantes. Le tout étant dressé bien droit sur Heart Island. En 1985, George C. Boldt ayant fait fortune dans l’hôtellerie à New York décide d’acheter cette île et d’y faire construire, comme preuve d’amour pour sa femme Louise, cet incroyable château entourée d’une propriété tout aussi luxueuse.
Il s’associe avec une firme d’architectes talentueux de l’époque, engage de nombreux travailleurs spécialisés, débute les travaux et dépense des millions. Cet élan amoureux et monétaire s’arrête net, quand en 1904, il fait parvenir un télégramme sur le chantier : « Stop all work. Louise has died.« ..
Le château et sa propriété furent ainsi laissés à l’abandon pendant des années car George C. Boldt ne remis plus jamais les pieds sur l’île après l’annonce du décès de sa femme. L’endroit ne fut donc jamais habité, laissé aux mains des pilleurs et à la merci des éléments. La propriété et ses bâtisses furent reconstruites et restaurées selon les plans d’époque à l’initiative de l’Administration du Pont des Milles-Îles qui a dépensé des millions pour préserver ce patrimoine historique et architectural. Tous les fonds amassés sont d’ailleurs collectés dans ce même but.
Les deux heures de visite n’étaient franchement pas suffisantes pour visiter toute la propriété en plus de lire l’information à disposition dans chacun des lieux, mais c’est vraiment une belle activité. L’endroit est tout simplement fou. C’est d’une immensité incroyable. Et le détail apporté à la restauration de chaque pièce est admirable. J’y serai bien resté une journée complète à apprendre plus en détail son histoire.
Je crois que j’aimerais ça retourner aux Mille-Îles. Maintenant qu’on a fait la croisière, on est bons de ce côté là mais ça pourrait être vraiment bon d’aller explorer le coin de plus près, en kayak par exemple. La plongée sous-marine est aussi très pratiquée dans le coin de part la présence d’un sanctuaire d’épaves. Le fleuve Saint-Laurent était effectivement une artère du trafic maritime au 19ème siècle et tous les navires n’ont pas été chanceux… au plus grand bonheur des plongeurs ! Le parc national des Mille-Îles dispose également d’un camping. Ça pourrait être toute une nouvelle fin de semaine sous le thème de la nature à prévoir….
Info pratiques :
Les excursions ont lieu de mai à octobre seulement.
Plusieurs compagnies proposent des croisières différentes. Voici le lien de celle qu’on a choisi : ici.
Le coût de la visite du Château Boldt n’est pas inclus dans le prix de la croisière (aux environs de 10$US).
Le Château Boldt se situe aux États-Unis, ce qui signifie que vous aurez besoin de votre passeport et d’un ETA à jour pour pénétrer sur la propriété.
Vous pouvez télécharger l’application Boldt Castle pour un audio guide (anglais seulement).
Pour plus des photos des Mille-Îles, cliques ici 🙂
PS : George C. Boldt, en plus d’avoir artificiellement transformé la forme de son île pour en faire un coeur, en a fait cacher le symbole partout où il a pu. Ouvrez l’oeil ! .