Jour 12, Nara.
Après être passé dire au revoir à Kenji Santo, on monte dans un train direction Nara. On passe déposer nos sacs à l’auberge et c’est comme ça qu’on fait la rencontre de notre hôte, Taka. Avant de nous laisser partir à la découverte de la ville, il nous liste ses points d’intérêts. C’est donc sur ses précieux conseils qu’on passe acheter des kakinoha-zushis à déguster dans le parc. Il s’agit de la seule spécialité culinaire de Nara. Ce sont des sushis pas comme les autres enveloppés individuellement dans une feuille de kaki. Un vrai délice !
La journée se poursuit dans le parc de Nara. Ici, des centaines de cerfs gambadent en liberté. Certains dorment à l’ombre des arbres, d’autres rôdent autour des touristes. Un peu partout dans le parc, on peut acheter pour eux des biscuits. Les bambis l’ont bien compris et n’hésitent pas à venir frotter leur tête sur nos jambes pour nous détrousser de ces friandises.
Nara c’est aussi le Daibutsu-den, la plus grande construction en bois du monde abritant une statue de Bouddha haute de 18 mètres. Le détail du travail du bronze sur un chef-d’oeuvre de cette envergure est impressionnant. En soirée, on monte observer le coucher de soleil depuis le Nigatsu-do, un temple sur pilotis, sur les pentes du Mont Wakakusa. Lorsque les lanternes s’allument, on est transporté dans un autre monde. Là encore, c’est un coup de coeur. ♥
Après avoir passé cette journée à Nara, on ne ressent pas le besoin de rester plus longtemps. La ville est petite et nous avons déjà visité les temples et jardins qu’elle a à offrir. Ce soir, on dort dans une très jolie maison vieille de 100 ans. Les planchers grincent, les murs sont littéralement en papier. Demain, on quittera tôt pour Koyasan où nous logerons dans un temple, pour la première fois.
Jour 13, Koyasan.
On quitte Nara en début de matinée pour rejoindre le Mont Koya, une montagne sacrée de la péninsule de Kii, et particulièrement Koyasan, un lieu de pèlerinage bouddhiste. Là où nous sommes venus chercher tranquillité et immersion au coeur du Japon profond, nous sommes quelque peu déçus dès l’arrivée…
Dans le train depuis Nara déjà, les trois quarts des voyageurs sont des touristes comme nous. En arrivant à Koyasan Station, on subit une organisation bien rodée en se faisant presque pousser dans le bus. On nous place dans les mains un plan. Il comporte la vingtaine d’arrêts de bus de Koyasan desservant chacun un hôtel, temple ou ryokan. Une fois dans le bus, les messages qui sortent des speakers sont en anglais et en français. On n’a pas l’impression d’être au bon endroit…
C’est une expérience d’une nuit dans un temple que nous avons réservée pour ce soir. C’est bien un moine qui nous accueille et nous fait visiter les lieux. Les règles sont différentes de celles rencontrées jusqu’à présent au Japon. Les douches (communes) sont accessibles entre 16h et 21h seulement, les portes du temple ferment pour la nuit à 21h, la cérémonie de la prière est à 6h30 le lendemain matin et le petit-déjeuner végétarien tout de suite après à 7h00. Dans un temple où la méditation et la lecture sont prônées, on est un peu étonnés de trouver, pour la première fois depuis le début de notre voyage, une télévision dans notre chambre.
On reçoit enfin la confirmation de s’être fait une fausse idée de Koyasan comme étant un endroit reculé quand le moine nous remet la liste de la trentaine de restaurants et bars du village… Même s’il y a ici des dizaines de moines confirmés et en devenir, Koyasan est très certainement une destination touristique à part entière.
Le plus grand cimetière du Japon
Après avoir déposé nos bagages, on file en direction du cimetière Okuno-in, le plus grand de la péninsule. Ici, c’est une toute autre ambiance ! Dans cette forêt de gigantesques cyprès centenaires flotte dans l’air une impression d’éternité et d’apaisement. À perte de vue, bordant une allée de pierres illuminée, plus de deux cent mille sépultures et tombeaux reposent ici dans le sacré. Installés ici depuis des centaines d’années, la nature repris ses droits depuis bien longtemps et enserre les pierres d’un duveteux manteau de mousse.
Lové au bout de ce chemin de deux kilomètres se trouve le mausolée de Kukai (Kobo Daishi), le moine fondateur de l’école bouddhique Shingon et son pavillon aux 10 000 Lanternes, allumées en permanence. Des merveilles sacrées interdites de photographies, à admirer avec le coeur et l’esprit.
Sur le chemin du retour au temple, on entend un cri déchirer la nuit. En scrutant l’obscurité et en tendant l’oreille, on se dirige dans la direction d’un temple dont des lueurs vacillantes s’échappent à travers les portes grandes ouvertes. Depuis l’extérieur, silencieux, on assiste à une cérémonie bouddhiste dont on ne devine rien d’autre que le caractère conscient. Le monde s’arrête pendant que leurs chants emplissent le silence de sacré.
Le lendemain…
Il est 6h00 du matin quand le réveil sonne. En dormant dans un temple, on a l’occasion d’assister à la prière du matin des moines bouddhistes. Les trois quarts des chaises sont occupées quand on arrive et la cérémonie commence. Au plafond, des centaines de lanternes sont allumées. Pendant trente minutes, quatre moines assis dos à nous récitent leur texte, sans relâche. Sous couvert d’encens, cymbales et gongs se mêlent à leur voix, dans ce décor doré. On ressent que le moment est sacré, mais c’est un peu long pour nous qui ne comprenons pas un traître mot.
Après un petit-déjeuner végétarien toujours servis au temple, nous partons faire le tour du complexe Donjo Garan, où les principales cérémonies bouddhistes sont célébrées. C’est ici que la veille au soir, on a eu la chance d’assister à l’une d’entre elles, dans la noirceur de la nuit. Parmi les nombreux bâtiments installés à cet endroit, le pavillon du temple principal et une pagode de 50 mètres de haut se distinguent. On déambule entre ces bâtisses sacrées avant de quitter pour Osaka, cet après-midi.