Ça y est l’aventure démarre ! Et on débute notre périple de trois semaines avec la ville de Tokyo. Nous avons la chance d’être hébergés chez Julien, le frère de Seb, qui vit ici depuis deux ans maintenant. Donc, en plus de ne pas avoir à payer de chambre, on bénéficie d’un guide local qui nous fait découvrir des quartiers et adresses dans lesquels on n’aurait jamais mis les pieds sans lui !
Tokyo, jour 1.
Notre premier soir se déroule dans le quartier de Sangenjaya. On y fait nos premières découvertes, on y apprend aussi nos premières leçons. Par exemple, on constate qu’il est autorisé de fumer dans les restaurants / bars / cafés mais que c’est interdit dans la rue. Prendre des photos dans ce genre d’endroits de détente est très mal vu par les Japonais, qui ont un rapport à leur image privée très conservateur. Ce n’est pas formellement interdit, mais considéré comme irrespectueux. Mieux vaut donc leur demander la permission afin de ne pas passer pour un touriste au comportement déplacé. Bref, on se rend vite compte qu’on a toute une culture à apprendre.
Loin des adresses touristiques, on a aussi rencontré Yuki et gouté à nos premiers délices locaux. Les découvertes coup de coeur du jour : le Negitoro (thon et avocat) pour manger et le Lemon Sour pour l’accompagner. Finalement, même après treize heures de vol, il ne fût pas si difficile d’étirer notre première nuit tokyoïte. ❤
Tokyo, jour 2.
C’est notre premier journée complète au Japon. On s’est couché bien tard hier soir et notre système biologique canadien est un peu dérouté, mais on se sent d’attaque ! Tokyo, c’est grand comme ville. Pas mal la plus grande du monde en fait. Donc on marche beaucoup à travers différents quartiers. Aujourd’hui, on découvre le bazar d’Akihabara. Bien connu pour ses magasins d’électroniques, petits stands ou gigantesques centres commerciaux, c’est le quartier où notre côté geek ne demande qu’à sortir.
Écrasés par une tonne de signalétique colorée placardées à même les buildings, on fend la foule, la tête tournée vers le ciel. Nos yeux ne savent pas sur quoi s’arrêter. Devant chaque commerce, des enceintes crachent à haut volume de la musique rythmée. Tous ensemble, ils créent une joyeuse cacophonie … qu’on fini par ne plus entendre. Après en avoir croisé plusieurs, on décide d’entrer dans une salle d’arcade. Très vite, on tombe nez à nez avec des rangées de machines à pinces, des UFO Catchers.
Le divertissement en japonais
Évidemment, on joue. Évidemment, on perd. L’espoir se mêle à la frustration quand le cerveau, rationnel, sait que nous sommes tombés dans un piège. La chance n’a rien à voir là-dedans. Après avoir joué / perdu trop d’argent (voyez pourquoi le combat est perdu d’avance ici), on parcours les autres étages du bâtiment. Les deux premiers contiennent tous ces machines à pinces infernales. Les suivants, des jeux plus traditionnels comme des jeux de cartes, de courses et de combats. Mais les plus impressionnants sont les jeux de rythme musicaux mettant à l’épreuve la rapidité du joueur.
Alignés sur plusieurs mètres, ces machines sont très populaires. Le plus sérieusement du monde, des joueurs affrontent les machines à un rythme endiablé, suants et très concentrés. Nous nous arrêtons pour admirer la rapidité de leurs mouvements et avons du mal à croire le nombre de « perfect » qui s’affichent à l’écran. Il n’y a rien à comprendre, il s’agit du fruit d’un entrainement régulier et intensif.
En fin de journée, on déambule dans Shimotikazawa, un des quartiers branchés de Tokyo. Ruelles, friperies vintage et petits restaurants, ici c’est un peu plus bohème qu’ailleurs. On croise la jeunesse tokyoïte un peu en décalage du reste de sa société. Ce soir, on a rencontré Koh qui nous fait découvrir ses mets culinaires favoris comme le Ikura no shôzu-zuke, des oeufs de saumon crus marinés sur un lit de riz. Elle réalise aussi devant nous la préparation d’un poisson dont j’ai oublié le nom mais qu’on aurait littéralement déchiqueté en retirant nous-mêmes les arrêtes tranchantes…
Ah, et apparemment, on a aussi vécu un tremblement de terre de niveau 4 aujourd’hui. C’était à proximité du Parc Ueno. On marchait dans la rue, on n’a rien remarqué. C’est une notification qui nous a averti. Tout va bien.
Tokyo, jour 3.
Le rythme semble ne jamais s’arrêter ici ! Chaque jour, on croise un matsuri, une fête populaire organisée en procession célébrant croyances locales et esprits de la nature. Ces cérémonies sont organisées par quartier et partout dans l’archipel.
Sous 32 degrés, on étouffe un peu en ville. Une petite pause au coeur du parc Shinjuku Gyoen aide à nous rafraichir un peu. Il est 18h00 quand on se dirige vers le quartier de Kabukichō. En chemin, on croise un nomi no ichi, un petit marché artisanal et alimentaire, organisé autour d’un temple. L’ambiance est à la fête et aux plaisirs. Les étales dégagent chacune une odeur plus envoutante que les autres et tout ce que balayent nos yeux nous fait saliver. Koh nous invite à essayer certaines spécialités qui font plus que notre bonheur.
Des quartiers aux ambiances variées
Dans cette ville où la prostitution est autorisée, Kabukichō est le quartier « chaud » de Tokyo. Ici, boites de nuits, salons de massage, love hotels et clubs de filles se bousculent. Étonnement pour les occidentaux que nous sommes, on trouve aussi des écrans géants lumineux présentant plusieurs profils masculins. Ce sont des hosts, à qui les femmes peuvent louer des services de compagnie afin de tromper leur solitude. C’est très assumé, les billboards affichent même leur salaire annuel. En ce qui concerne la gente féminine, c’est un peu moins explicite mais la signalétique autour des clubs est toute aussi évidente…
Kabukichō est considéré comme un quartier dangereux une fois la nuit tombée, parce qu’évidemment, la plupart des établissements de cette industrie sont aux mains des yakuzas. De notre côté, on ne ressent pas spécialement d’insécurité. Si on n’est pas intéressés à rentrer dans les clubs, on ne risque pas grand-chose, les arnaques ayant lieu à l’intérieur, par le biais des rabatteurs.
À Kabukichō, le danger n’est pas dans la rue. Les conseils les plus importants à retenir : laisser carte bancaire et papiers d’identité à l’hôtel et ne pas suivre un de ces rabatteurs de rue. Aller dans un tel endroit c’est très souvent prendre le risque de se retrouver avec en fin de soirée une facture astronomique pour le service payé. La police n’est alors d’aucune aide. Le client, à qui l’on avait fait miroiter le contraire, sera, sous couvert de menaces, fortement incité à l’honorer et s’en tirera souvent après « négociations » en donnant tout l’argent qu’il a sur lui. Quand parfois, dans les établissements les plus douteux et cas extrêmes, le client n’est pas drogué pour être dépouillé plus aisément de son argent et de ses cartes bancaires.
http://japanization.org/prostitution-au-japon-comment-les-jeunes-filles-tombent-aux-mains-de-la-mafia/
C’est dans un autre izakaya de Kabukichō que l’on soupe ce soir. La commande se fait via un écran tactile, toujours difficile à comprendre sans base de japonais. Par exemple, le bouton « commander » est impossible à deviner. Un izakaya c’est une place où boire et manger pour pas trop cher une multitude de petits plats. On continue à capoter sur l’excellence de la cuisine japonaise ! Et à se régaler.
Tokyo, jour 4.
Une bonne partie de notre journée d’hier s’est déroulée au TeamLab Borderless, le célèbre musée d’art digital promettant multiples expériences immersives lumineuses. Sorte de labyrinthe plongé dans le noir, on évolue dans un environnement évolutif interactif. Petits et grands vivent le même émerveillement en passant d’une salle à l’autre. On s’était fait une petite idée de la chose avant de s’y rendre mais la surprise fût tout de même grande ! Difficile d’échapper à la file d’attente d’une heure en plein soleil sous 30 degrés, mais ça vaut vraiment la peine.
Puisqu’on en est proche, on se dirigé vers Odaiba pour se rafraichir un peu en bord de mer. En ce mois de mai 2019, les vagues de chaleur atteignent un record historique. D’ici, on observe d’ailleurs à l’oeil nu l’humidité et la pollution se mêler en un nuage couvant la ville. Bien que la baignade soit interdite sur cette plage, les enfants jouent de bon coeur dans l’eau et on les rejoint pour y plonger les pieds.
En soirée, c’est dans l’effervescence de Shibuya qu’on baigne. Évidemment, on tente l’expérience du Shibuya crossing, le carrefour le plus connu au monde. Finalement, sachez que c’est bien plus impressionnant à observer à l’arrêt qu’à traverser. Pour souper, on a de nouveau opté pour l’option izakaya chez 居酒屋幸ちゃん, notre nouvelle passion. Bruyant, festif et simple, ce fût encore une belle immersion au coeur de la jeunesse tokyoïte.
Tokyo, jour 5.
Nous ne sommes pourtant que mardi mais l’artère principale d’Harajuku est noire de monde ! Des groupes d’écoliers s’agglutinent un peu partout autour de crêpes fourrées à la crème glacée et de barbapapa géantes. Autour d’eux, des dizaines de touristes déambulent. Haut lieu de la mode excentrique, les devantures des boutiques regorgent de costumes colorés et accessoires flashy. Nous n’avons pas vraiment la chance de croiser les célèbres lolitas et cosplay qui arpentent normalement Takeshita-dori street, mais pénétrer dans ses magasins suffit à l’immersion.
Fatigués par toute cette agitation, nous partons trouver un peu de calme dans le parc Yoyogi. Le tracé principal est lui aussi bien achalandé mais en utilisant les chemins secondaires, on se retrouve seuls au milieu de la forêt. Ici où on n’entend que le silence, on oublierait presque être au coeur de la plus grande ville du monde.
Goûter à tout
Parce qu’on a un peu faim et bien qu’il soit 17h00 (et qu’on ait rendez-vous en soirée pour dîner), on s’arrête grignoter des gyozas dans un restaurant de type ramen. C’est devant chez 流塩らーめん 神宮前店 qu’on s’arrête. La particularité de ces endroits, c’est que la commande se passe en utilisant une machine dans la rue. Ça parait simple comme ça. En vérité, le serveur vient nous voir deux-trois fois parce qu’il ne comprend pas ce que nous faisons. Puisqu’il ne parle pas anglais, il ne comprend pas qu’on ne comprend pas comment passer commande… Une petite dizaine de minutes plus tard, on comprend qu’il faut D’ABORD mettre l’argent pour être capable de sélectionner quoi que ce soit… Voilà voilà.
Retour dans le quartier de Shimo-Kitazawa en soirée pour tenter notre premier restaurant de yakitori du séjour. Les yakitoris sont des brochettes à base de poulet. Ailes, cuisses, coeurs, peau frite : c’est une expérience culinaire que je ne retenterai peut-être pas. Disons que je suis plus « poisson »… En tout cas, ça fini notre première partie du voyage. Demain, on quittera Tokyo en direction de Kawaguchiko, d’où on espère observer le Mont-Fuji !