Lutter contre le vertige sur l’Indian Ridge Trail, Jasper

Après deux journées nuageuses et une randonnée écourtée pour cause de meute de grizzlys, on profite du beau temps pour se rendre sur les hauteurs de Jasper avant de quitter le parc. Et comme dernier défi, on choisi l’interminable Indian Ridge Trail.

Être témoin de l’effet papillon

On emprunte le SkyTram, des gondoles qui nous mènent en sept minutes jusqu’au premier sommet, là où débute la marche qu’on a choisie. D’ici on se rend compte que la fumée des feux qui sévissent en Californie se sont finalement bien rendus jusque-là. Entre nous et l’horizon, un voile gris bien visible floute les sommets à l’horizon… Il est présent depuis plusieurs jours mais les nuages le rendaient invisible à nos yeux. Ça ne nous empêche pas d’admirer le paysage mais c’est certain que c’est une conséquence climatique triste à constater.

Pour choisir nos randonnées et suivre nos trajets, on utilise l’application AllTrails. La randonnée d’aujourd’hui est l’Indian Ridge Trail. Selon les commentaires des autres utilisateurs, beaucoup la débute sans la terminer en raison d’une peur du vide. Certains parlent même de crise de panique. Mais après notre ascension du Cirque Peak Trail, j’ai l’impression qu’on est prêts pour tout maintenant.

Niveau de complexité : difficile

Le sentier d’aujourd’hui est donc une élévation vers une crête en forme de semi-cratère. Dès le début, on aperçoit le précipice qui marque la fin du trail. Si, le trou en forme de carré, tu le vois ? C’est là qu’on s’en va. Le vent souffle et on regrette de ne pas avoir emporté nos bonnets. Un kilomètre plus loin, on retire nos doudounes et on ouvre grand les polaires.

Le couple qui nous précédait jusque-là fait marche-arrière, ils ont trop le vertige. C’est vrai que c’est un peu en pente mais franchement ça reste correct. Surtout que ce n’est pas la partie ni la plus à pic ni la plus élevée de la randonnée. Nous voici donc seuls au milieu des glaciers. La vue est ultra dégagée et le paysage s’étire à perte de vue. Mais le relief est souvent joueur et c’est au dernier moment qu’on aperçoit cinq chèvres de montagnes traversant tranquillement le sentier. On s’arrête pour les observer et les laisser passer. Encore une fois, on est supers chanceux d’assister à cette rencontre. Seb qui rêvait d’en voir a du mal à détacher ses yeux de ses tâches blanches dans les rochers.

Prudence est mère de sureté

Le terrain est coupant et maintenant que nous avons atteint la crête, le vide nous entoure. À 2820 mètres d’altitude, la vue à 360° sur les montagnes de Jasper nous régale. On pousse jusqu’au bout, et même plus en essayant de trouver un moyen de contourner le précipice pour faire une loope. On a beau essayer de trouver un chemin officiel via nos applications, ça impliquerait de redescendre dans le bas de la vallée, pour ensuite remonter. On n’est pas familiers avec l’endroit et le terrain ne nous parait pas stable alors on laisse faire. La descente est très difficile et technique. Nos genoux n’en peuvent plus mais on se console avec ce tableau majestueux qu’on ne reverra pas de sitôt.

Ce soir, on quittera l’Alberta en direction de la Colombie-Britannique. L’aventure aura été belle ici : on se reverra.

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