C’est jeudi et on n’a toujours pas trouvé de camping pour la fin de semaine… Notre objectif est d’aller dans Charlevoix, relever le Défi des 5 sommets, en commençant par le Mont à Liguori. On est à la veille des vacances de la construction, en période COVID, et tout le Québec s’est trouvé une nouvelle passion pour le plein air. Il y a de quoi se décourager. Et puisque la météo a décidé d’être incertaine, on l’est aussi. La seule belle journée annoncée est samedi. Est-ce qu’on veut vraiment faire 4h30 de route pour une seule vraie journée sur place ?
C’est sympa les week-ends au Parc Jarry mais à la longue, je veux saisir chaque opportunité fuir la ville. Alors oui, même 24h feront l’affaire. Rouler ne nous fait pas peur. Et tant pis pour le camping, on réserve deux lits dans le dortoir de l’Auberge du Domaine à Liguori. Ça à l’air cute comme endroit, c’est situé juste au départ de la randonnée et on n’a jamais tenté l’expérience auberge de jeunesse au Québec. Go !
Prendre la route de Charlevoix
C’est à 19h00 qu’on coupe le moteur de la voiture, entre montagnes et Saint-Laurent. On s’enregistre au mignon café du Domaine et on part déposer nos affaires dans le dortoir de quatre lits. L’auberge en elle-même est vraiment jolie. Il s’agit d’une ancienne demeure construite en 1759, dont les planchers craquent agréablement. Bien que certaines parties aient été rénovées, suite à son déplacement depuis le bord du fleuve quelques mètres plus bas, elle a su garder tout son cachet.
L’armoire à jeux de société est fermée et on a oublié le Monop’ Deal à la maison. On se demande comment on va faire passer le temps jusqu’à aller se coucher… On passe finalement la soirée dans la cuisine à discuter avec d’autres voyageurs qui logent dans les différentes chambres de la bâtisse. C’est le grand avantage des auberges de jeunesse : on y fait des rencontres. On se met donc à discuter, entres autres, avec Maud et Zackary comme si venir les rejoindre autour de cette table avait été le plan initial.
Nouer ses lacets au petit jour
Il est 6h30 quand on fait nos premiers pas sur le chemin de l’Ancestrale qui prend naissance juste après les emplacements de camping du Domaine à Liguori. Ça commence joli entre les arbres, et la terre battue par les grosses pluies tombées la veille est agréablement ramollie. À cette heure, le soleil perce en biais à travers la végétation et diffuse une lumière hypnotique. Si on a choisi de partir si tôt, c’est pour profiter de l’atmosphère particulière de la nature à son réveil, et pour éviter de croiser trop de randonneurs sur le sentier. Le chemin devient sinueux et commence à grimper sous forme d’escalier naturel. Finalement, les jambes déjà bien échauffées, on tombe nez à nez avec une pancarte à l’avertissement sévère : « Attention, pente raide sur un kilomètre ». Me semblait que c’était déjà raide moi…
Un kilomètre plus tard donc, on transpire beaucoup plus. Je n’ai dormi que quatre heures la nuit dernière alors je mets le compte de mon emballement cardiaque là-dessus, mais quand même… J’ai besoin de reprendre mon souffle et je sue à grosses goutte. Il est juste 7h00 du matin, ça grimpe et ce n’est pas terminé.
Arrivés à la jonction avec le sentier Gabrielle Roy, on ne le sait pas encore mais on a fait le plus dur niveau dénivelé. Ça commence à être plus plat et on se met enfin à profiter de la balade. On traverse de jolis petits ponts de bois en compagnie de chipmunks dans une belle foret qui sent bon le pin. On n’a aucune raison de ne pas être contents d’être là !
De temps à autre, on traverse des chemins de luge hivernale et surtout les nouveaux sentiers de vélo de montagne que le Massif de Charlevoix ouvrira en septembre. Ils sont tous neufs. Après notre première initiation à Bromont, on a hâte de venir les essayer !
Jusqu’au sommet
Après ces sept kilomètres de marche depuis le Domaine, on atteint le belvédère. C’est une jolie plateforme en bois avec vue surplombant le fleuve Saint-Laurent et offrant un beau panoramique sur la chaine de montagnes des Laurentides ! Le petit banc installé là nous invite à la détente et nos cuisses ne disent pas non. À cette heure, l’endroit n’est rien qu’à nous.
Après une petite pause, comme si on n’en avait pas eu assez, on décide de pousser plus un peu plus loin. En passant par le sommet dégagé de la montagne (et en se perdant un peu dans les jonctions de sentiers), on atteint le refuge du Mont à Liguori. C’est avec une petite larme émue au coin de l’œil qu’on passe devant les départs du hors-piste. De beaux souvenirs de glisse hivernaux ici sont ici. On voulait justement venir voir le refuge pour savoir à quoi il ressemble et se donner des idées pour l’hiver prochain. La vue est pas pire en tout cas ! On en profite pour déjeuner sur sa terrasse. Il a beau être pas tout à fait 11h00, on meurt de faim et les sandwichs y passent.
Jusqu’ici tout va bien
Les environs se sont finalement réveillés, on croise d’autres randonneurs en redescendant. Le retour est d’ailleurs un plus difficile que prévu. Le dénivelé qui s’est ai pris à nos quadriceps et ischios-jambiers à l’aller, se concentre maintenant sur nos articulations. On prend donc notre temps parce que le genou de Seb le fait souffrir, pendant que j’essaye de négocier avec ma cheville pour qu’elle ne m’abandonne pas ici. À croiser certains marcheurs, on se pose la question de l’utilité de bâtons de randonnées. Se pourrait-il qu’il s’agisse d’un accessoire utile pour ces randonnées à gros dénivelé ? Sans vraiment pouvoir répondre à cette question, on plonge nos bobos dans l’eau glacée de la rivière avant de terminer la balade. Ça tétanise mais on en retirera peut être des bienfaits sur le moyen terme.
Savoir reconnaître les signes
C’est tout éclopés qu’on arrive à l’auberge. On est partis sept heures et quarante minutes pour un total cumulé de cinq heures de marche sur le Mont à Liguori, 17,26 kilomètres et 864 mètres de dénivelé. À quelques mètres prêts, c’est la même chose que ce qu’on a fait lors de notre visite au Mont-Albert. En poussant jusqu’au refuge, on s’est offert un peu plus d’une heure de marche supplémentaire. À défaut de s’être échauffés avant de partir #onnapluslememeage, on ne s’autorise pas à éviter une belle grosse séance d’étirements.
Après une douche salvatrice emportant dans son siphon un acide mélange de sueur et d’anti-moustique, je consulte mes courriels. La cheville encore brûlante et les genoux faibles, la promotion MEC intitulée « Le secret d’une randonnée réussie » m’interpelle… Dernière journée d’aubaine pour les bâtons de marche. Ça ne peut être qu’un signe du destin. Comme pour enfoncer le clou et nous prouver notre candeur, il est indiqué noir sur blanc « vos genoux vous remercieront ». Dix minutes plus tard, un autre courriel atterri dans ma boite Gmail, celui-ci intitulé « Merci d’avoir magasiné chez MEC ».
Informations supplémentaires :
L’accès au sentier se situe dans le Domaine de l’Auberge à Liguori géré par la Coopérative de solidarité L’Affluent. Une contribution minimale de 5$CAD est demandée lors de l’enregistrement.
Il faudra emprunter le sentier de l’Ancestrale, puis le sentier Gabrielle Roy pour se rendre jusqu’au belvédère du Mont à Liguori.
Cette année, le Défi des 5 sommets met à l’épreuve les randonneurs sur les hauteurs de Charlevoix. Un challenge à relever entre le 19 juin et le 26 octobre 2020.